Azilys Crolise, the Young Hunter

Histoire : Je suis la fille unique d’une riche famille canadienne. Depuis que je suis gamine, je suis fiancée à un gars que je ne connais même pas. J’ai dû le voir… 3 fois dans ma vie ? Angus, qu’il s’appelle. Ouais, je sais, ses parents voulaient une fille, à tous les coups… Mais le pire, ce n’est pas que je le connaisse à peine qui me répugne, non. Le pire, c’est que ce mec est… chiant. A en mourir. Par exemple, au lieu de se poser tranquillement devant la télé le samedi soir, lui préfère soit aller à la bibliothèque familiale, soit aller à l’opéra. La barbe !

Mes parents voulaient un garçon, eux. Ça me fait une belle jambe… Du coup, quand je suis née, ils ont dû remplacer tous mes jouets et toutes les choses qui m’étaient destinées (les vêtements, entre autres…) par des trucs plus… « fille ». Ça a servi à rien, au final, vu que je suis garçon manqué. Remarque, ça a bien plu à mon père au fil des années, parce que je passais plus de temps avec lui pour bricoler ou m’occuper de son entreprise qu’à faire des trucs que nous jugions tous les deux comme inutiles (ex : la couture, le tricot, et discuter des potins… surtout discuter des potins).

Mais un jour, ma mère en a eu marre que je ne fasse pas ce qu’une jeune fille bien née et riche doive faire. Alors elle m’a interdit d’aider mon père dans ses travaux, m’a inscrite à diverses activités, comme la danse, l’équitation, ou le dessin. Et, dès que je revenais de l’école ou d’un de ces cours débiles, que je pensais enfin avoir le temps de me reposer et d’aller un peu voir mon père, elle me donnait toutes sortes de corvées. Cela a fait qu’au fil du temps, la complicité construite entre mon père et moi s’est détruite. C’est la veille de mes 15 ans que j’ai fait ma première fugue.

Je me suis enfuie loin, aussi vite que j’ai pu, en évitant les différents capteurs de mouvements disséminés dans le jardin. Je suis allée chez une amie proche, à quelques maisons de ma mienne. Malheureusement pour moi, ma mère m’avait vu sortir, et me rattrapa très rapidement. Dès que je fus revenue à la maison, je me suis faite incendiée par ma mère, et derechef par mon père quand il eut compris la situation. Je crois que je n’ai jamais entendu les mots « fille indigne » et « stupide gamine insolente » prononcés autant de fois en aussi peu de temps.

Mais, malgré leurs réprimandes, deux mois plus tard, quand les esprits se furent un peu refroidis, j’ai retenté le coup, cette fois en allant plus loin, et plus vite. Je me suis une nouvelle fois faite attrapée, et cette fois, mon père plaça même des barreaux à mes fenêtres. Les barreaux que nous avions construits ensembles quelques années auparavant.
Néanmoins, l’envie de m’enfuir de cette maison de malheur était le plus fort, et j’ai fugué. Puis une nouvelle fois. Et une nouvelle fois. Et encore… Et toujours…

Un jour, mes parents me demandèrent ce que je voulais, pour arrêter d’appeler la police à chaque fois que je faisais mes fugues. J’y avais déjà réfléchis de nombreuses fois. Aussi, je n’hésitais pas une seconde, et je leur ai répondu que je voulais faire l’armée. Ils ont explosé de rire devant mon air sérieux, et m’ont calmement expliqué qu’une jeune fille comme moi ne pouvait pas faire l’armée. Je leur ai répondu que si, et qu’avec l’argent qu’on avait, ils pouvaient même me payer une école préparatoire avant que je m’engage. De nouveaux rires, et ils ont clos la discussion en disant que ça ne sera jamais le cas.

Quelques jours avant mon 17ème anniversaire, j’ai revu Angus. Mes parents et les siens étaient là. Nous prenions tous le thé sur la terrasse de notre maison. Ma mère était en robe rouge, mon père en costume noire, son père était vêtu de la même manière, et sa mère était en robe bleu. Quant à lui, il était en costume blanc, et moi, en robe noire. Non pas que je n’ai pas d’autres robes, mais c’était la seule couleur de robe que j’acceptais de mettre sans hurler toutes les trente secondes. J’aime pas les robes. Ça gratte. Et c’est pas pratique si tu veux courir dans l’herbe.

Les sujets de discussions étaient fades et sans intérêt, alors je m’en suis vite désintéressée pour m’imaginer en train d’escalader la paroi de ma maison. Il a fallu que ma mère me secoue le bras pour que je me rende compte qu’elle me parlait. Elle me désigna la tasse de ma future belle-mère, et m’ordonna de lui redonner du thé. En bonne fille bien élevée, j’ai pris la théière, et ai commencé à vers... mince. Sur la robe. La tasse à trois centimètres de là. J’y étais presque…

Ma future belle-mère a hurlé de douleur et de frustration. Ma mère de colère et de désarrois. Mon père de haine et de dégoût. Il m’a ordonné de monter dans ma chambre, ce que j’ai fait sans demander mon reste. J’ai reçu un sms. Mon ordi et mon portable étaient sans doute les seules choses qui me faisaient toujours penser que je vivais à l’air moderne, et non plus à la renaissance. Le sms venait d’un de mes amis du lycée. Il m’indiquait l’existence d’une lettre spéciale, où si l’on écrivait le nom de quelqu’un dessus, cette personne disparaissait. Je lui ai répondu que si une telle lettre existait, une bonne partie des gens écriraient le nom d’un de leur parent dessus pour avoir la paix, et ai éteint mon portable.

Malheureusement, ce ne fut pas moi qui reçut la fameuse lettre, quelques mois plus tard, mais mon père.

 Pour raisons professionnelles, nous avons déménagé en Amérique. J'en étais heureuse, parce que l'air moderne était bien plus présente là-bas que là où nous vivions au Canada... Et puis, l'Amérique est la première puissance mondiale militaire, donc ça arrangerai peut-être les choses pour que je puisse faire l'armée... Mais rien ne se passa comme dans mes rêves, malheureusement...

 Un soir, j'ai vaguement entendu mon père parler d’un choix avec ma mère, s’ils étaient bien sûrs de ce qu’ils faisaient, avant d’aller me coucher. Sans plus hésiter, m’attendant à ce que mon père tente de m’étrangler durant la nuit, j’ai caché un petit couteau de chasse dans la poche de mon uniforme. Je me suis endormie comme ça, habillée, au beau milieu de ma chambre.


Quelques heures plus tard, j’étais dans un bus rempli d’enfants, les mains attachées dans le dos. J’ai dû tenter de me défendre durant mon sommeil. Sans grand succès, de tout évidence… Même le couteau que j'avais caché m'avait retiré.

Désormais, dans cet endroit que je ne connaissais absolument pas, j’allai devoir faire preuve de compassion, de patience, et de coopération. Et tout ça, j’avais totalement oublié comment on le faisait.